- Musique pour mieux lire:
-- Mon histoire --
Tu les entends toi aussi ? Le cri de ces oiseaux. Leurs ailes noires tâchent ce ciel si clair. Ils sont nombreux et ils ne cessent de voler en toutes directions. Ils chassent tout être sur leur passage, sans regret, sans pitié. Ils sont implacables, cruels. Tu les entends toi aussi, dis moi ? Ces corbeaux charognes.
C'est étrange tu sais. J'ai cette constante impression que ces oiseaux m'appellent. Leurs yeux, ils sont sans cesse tristes. Comme si ils pleuraient en silence. Ils ont l'air si libres à voler sans contrainte, pourtant, ils réagissent comme si une cage les entourait. Ces oiseaux ne sont pas comme les autres. Mais, le pire dans tout cela, c'est qu'ils rôdent toujours près de moi, prêts à me défendre.
- Un landau noir au mileu de cette brume matinale:
Moi, c'est Tina. Je suis la sixième fille d'une famille ducale qui fût, autrefois, l'une des plus humiliées du pays. Accusée de complots avec un clan de sorciers malveillants, ma famille perdit toute la confiance des autres familles ducales et de la société. Ainsi, il y a des siècles de cela, ma famille fût jetée. Elle se fit petit à petit oublier jusqu'à n'être plus existante aux yeux de tous. Heureusement pour les générations suivantes, Hubert, notre ancêtre, avait gardé une certaine fortune qu'il avait rapatrié avec lui. Mes ancêtre s'étaient installés à l'intérieur d'un château reculé, à l'intérieur d'une forêt lointaine. Ainsi, cinq générations vécurent dans ce château avant la mienne. Je fais partie de la sixième génération. Sixième enfant du sixième duc déchu.
Enfin, lorsque je dis sixième enfant, je ne parle pas de sang mais bien d'adoption. Contrairement à mes frères et sœurs, j'étais la seule à ne pas être liée de sang à cette famille. C'est la femme du duc, mère, qui ma retrouvait un beau jour dans un landau noir, en plein milieu de la forêt, seule. Je pleurais, et j'étais affamée. Pourtant, je n'étais pas en si mauvais état. C'est ainsi que ma famille m'accueillit. Ils essayèrent de trouver une explication à l'apparition soudaine d'un nourrisson dans cette forêt si reculée, mais ils n'en trouvèrent pas. Ils en déduirent que j'avais été abandonnée et non perdue.
Ainsi, je grandis dans cette famille qui me chérit tant. Mon enfance et ma jeunesse furent une vie paisible et sans encombre. Les membres de notre famille vivait de plus en plus longtemps. Ainsi, elle s'agrandissait de jour en jour, le château aussi. Les années s'écoulaient si facilement qu'on en arrivait même à oublier les persécutions de nos ancêtres et les raisons de notre isolement. Finalement, nous n'étions pas plus mal isolés. Tout le monde nous avait oublié.
- La balançoire, j'aime y aller seule et m'y balancer:
- "Tu n'es pas humaine, tu n'es pas vivante":
Elle était là, sur la balançoire. Son visage n'était pas visible, seule sa longue chevelure noire de mauvaise augure l'était. Son comportement s'était soudainement vidé de tout sentiments et émotions. L'atmosphère était d'un seul coup plus lourd.
Cette fille est étrange, elle n'est pas ma sœur. Je la déteste. Elle est entrée dans nos vies, se faisant passée pour l'une des nôtres. Mais, c'est faux, elle causera un jour notre malheur, je le sais. Tina, est-ce au moins ta réelle identité ? Personne ne se rend compte de la supercherie, mais moi, je le vois très bien. Tu es néfaste. Je suis le seul à le voir et personne dans la famille ne veut me croire. Ils me prennent seulement pour un jaloux. Mais c'est faux.
Tu rentres dans mes rêves, tu es la cause de mes cauchemars jusqu'à en hurler la nuit. Tu me blesses physiquement. Les blessures, je les vois sur ma peau, elles sont douloureuses, c'est insupportable. Pourquoi mère, père ou quelqu'un d'autre que moi ne les voit pas ? Je souffre. Qu'est ce que tu m'as fait Tina ? Pourquoi tu m'attaques comme cela ? Je vais perdre la raison, ils me prennent déjà tous pour un fou. Mais tu es l'unique raison de mon comportement. Je suis terrifié. Tina, ne t'approche pas, reste loin. Tina, tu n'es pas humaine, tu n'es pas vivante. Lâche moi !
- Peu importe, il est fou et jaloux:
Je parle de jours paisibles, en effet, car j'étais aimée de tout la famille, choyée. Cependant, un seul se comportait différemment avec moi. Un de mes frères, Augustin. Il avait un an de moins que moi. Il m'évitait sans cesse. Lorsqu'il me croisait, une lueur de colère et de peur se lisait sur son visage. Pourtant, je n'avais jamais levé la main sur lui. Je ne comprenais pas son comportement. Pourquoi il me haïssait ainsi ? Il faut dire que dès sa naissance, il n'était pas comme le commun des humains. Cauchemars récurrents et comportement frôlant la folie, ce n'était pas simple tous les jours. Seulement, je n'y faisais pas vraiment attention. Après tout, il était fou.
- Tout s'est effondré un soir de juin:
Ces craquèlements. Cette chaleur. Mais où suis-je ? Attendez, ce sang au sol, qu'est ce que ... Je me souviens encore de ce cri qui m'avait arraché la gorge. Cet incendie, ces corps inertes au sol. En une fraction de seconde, toute ma vie s'était effondrée. J'avais couru de toutes mes forces pour échapper aux flammes, espérant croiser quelqu'un de vivant sur mon chemin mais, rien n'y faisait, ils avaient tous été prit par les flammes. J'avais eu la chance d'y échapper, me trouvant proche de l'extérieur, dans un abri qui s'enflammait moins vite. Il faisait nuit. Un assassinat ? Quelqu'un avait mit le feu au château. De plus, il avait été sûrement bien préparé pour qu'il se propage aussi vite sur une aussi grande surface. Cette nuit là fut une horreur sans pareille. Tout ce à quoi je m'accrochait s'était effondré. J'étais perdue, alors j'ai couru. Sans m'arrêter et jusqu'à m’effondrer au sol. C'est le dernier souvenir que j'ai avant que tout change.
- La mort t'accompagne:
- Les roses fanent sur mon passage.:
"Tu es l'élu Tina. Ne gâche pas ce pouvoir."
- Un corbeau précieux:
- Deux corbeaux précieux:
- Trois corbeaux précieux:
Quand mes yeux se rouvrirent, il y a deux ans de cela, je n'étais plus la même. Je vis soudainement des choses que je ne voyais pas auparavant.
Depuis, je sens constamment une froideur à l'intérieur de mon être et mon cœur, si chaleureux auparavant, bat si lentement que je me demande sans cesse comment il peut réguler assez mon corps pour vivre. Il arrive alors parfois qu'une partie de mon corps commence à disparaître, comme un fantôme. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive réellement, pourtant, je sais parfaitement ce qu'il faut que je fasse. Le schéma est simple, comme si tout était inscrit dans ma tête sans les raisons et les explications, juste l'action. Une liste, claire et précise :
" -Ton corps, à chaque fin de mois, commencera à disparaître aux yeux du vivant. Tu devras alors te servir de le vie d'autrui pour rester. Créer un pacte en leur promettant une retrouvaille avec une personne morte qui lui est chère ou encore la mort d'une personne qu'elle souhaite voir disparaître. En échange, prend lui la moitié de sa vie. Ainsi, la moitié de sa vie te revigorera et te donnera un mois de plus.
- Chaque contractant de ce pacte aura une marque qui s'affichera dans son dos, au milieu un peu à gauche, au niveau du cœur. Elle représente un cercle avec une aiguille. Cette aiguille va avancer en fonction de ce qu'il lui reste à vivre. Lorsque cette aiguille aura fait un tour complet, le cœur du contractant s’arrêtera tout simplement. Cette marque n'est visible qu'aux yeux du contractant.
-Les corbeaux qui t'entourent et te défendent sont tes amis, ne les rejette pas. Trois d'entre eux possèdent trois pierres : une blanche, une rouge et une bleue. Tu n'as pas besoin de savoir ce qu'elles sont, tu as seulement le devoir de les protéger pour ta propre survie.
-A chaque personne que tu regardes, un chiffre rouge s'affiche à côté de cette même personne. Il représente les secondes exactes qu'il lui reste à vivre. Mais, fais attention, celle ci est changeante, incertaine suivant les circonstances du moment présent.
-Un autre chiffre bleu s'affiche en dessous de ce chiffre rouge. Il représente un degré de vitalité. Place la petite horloge que tu as en ta possession devant cette même personne et regarde. Elle n'est pas faite pour donner l'heure de ce monde. Prend le chiffre de l'heure, le chiffre de la minute et le chiffre de la seconde. Assemble les et si elle indique le même chiffre que le bleu à côté de la personne, alors elle est apte à recevoir un pacte.
- L'âme est liée au corps. Mais ce sont tout de même deux éléments différents et indépendants. Seul un léger lien leur permet de se lier. Et toi, tu peux atteindre ce lien. Ainsi, tu as le pouvoir de blesser l'âme pour blesser le corps. Ces blessures que tu peux faire seront vues simplement de l'âme, de la personne blessée, le reste du monde ne le verra pas. Car tu n'as pas touché directement le corps, mais tu es passée par ce lien. La douleur et les blessures en restent bien réalistes. Tout comme tu peux passer par le rêve du sommeil pour blesser. Mais, fais attention ! Ce pouvoir n'est valable qu'en cas de vulnérabilité de la victime. Une personne qui dort ou un enfant sont des cibles faciles, par exemple. Mais, un homme qui se méfie ou qui ne te connait pas, tu devras le manipuler pour qu'il s'ouvre à toi et perde ce bouclier qui t'entrave. C'est à toi de maîtriser ce pouvoir qui, de toute évidence, ne peut pas entraîner la mort mais juste de la torture."
C'est un mode d'emploi écrit dans ma tête.
- Le temps, mon compagnon et mon ennemi:
"Tu n'as pas le droit de mourir, tu as le devoir de vivre.
Il faut que tu n'es aucune hésitation face au danger, il faut que tu l'extermines.
Sert toi des autres pour vivre."